L'Exposition
Fuerza et Libertad
Artiste Thaumaturge, créatrice soignante
L'exposition
Laéticia Hecht - Commissaire d'exposition
Galerie Bertrand Grimont
Du 3 au 24 septembre 2022
L’exposition « Les plus de Gustave – Fuerza et Libertad » fait de la galerie un espace thérapeutique. Plus que des « œuvres d’art » stricto sensu, on y découvre autre chose : un dispositif énergétique dont la fréquentation, pour le spectateur, s’apparente à une visite médicale. Quel est le problème, notre problème, en tant que personnes ? Le « décentrement », dit l’artiste. Il faut en conséquence nous recentrer, gage des retrouvailles de notre équilibre psycho-physique. Stationner devant les « plus » de Gustave veut nous y aider.
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Cosmo-tellurisme
La troisième section de l’exposition, en fin de parcours, présente au spectateur des galets, en nombre, ramassés sur les côtes maritimes par l’artiste. Non de simples cailloux, on le pressent, mais autant de pierres décrétées bénéfiques qu’il appartiendra à chacun de choisir, selon son désir et en fonction de l’impulsion reçue de la fréquentation de cette communauté minérale offerte à sa préhension. « Les gens prennent ‘’leur’’ galet, celui qui les appelle, qu’ils ont choisi », dit l’artiste. Chaque galet est présenté brut, non peint, et a été « énergisé » avant exposition (suivons le vocabulaire de Gustave) dans ce but, de nouveau, « lui donner de la force ». Prière de toucher, donc, pour reprendre le titre d’une sculpture fameuse de Marcel Duchamp, et Prière d’emporter, dans la foulée. Les galets exposés tels que Gustave les scénographie baignent non sans mobile dans une lumière rouge, la couleur élue de l’artiste. Rien à voir, cette fois encore, avec une installation conventionnelle. Le dispositif, en l’occurrence, se veut énergétique, il cumule selon l’artiste l’énergie mise par elle dans chaque galet et le bénéfice à retirer de « sa » couleur personnelle : une couleur irradiante, baignant les galets exposés d’un flux de photons à considérer comme une « couleur force ». Cette irradiation, entend Gustave, est un pôle lumineux énergétique autant qu’un foyer de radiations aux effets psycho-physiques réparateurs, un espace de soulagement, de décontraction, l’équivalent d’une Chill Out Room.
Dernière précision, le titre même donné à cette exposition hors norme, où rien moins que les forces cosmo-telluriques sont priées de se manifester, « Les plus de Gustave (Fuerza et Libertad) ». L’artiste, par cette formule, « décrit » ce qui constitue l’objet même de son exposition : offrir au spectateur du « plus », de la force (Fuerza), ainsi qu’une plus grande liberté d’action et d’existence (Libertad). Son choix de vocables hispaniques ? Une référence à un slogan de la Guerre d’Espagne. Ce conflit civil, qui oppose Franquistes et Carlistes d’un côté et républicains de l’autre, peut aussi être interprété comme un affrontement entre les forces de contrainte et les forces qui libèrent de la contrainte.
Néo-chamanisme
Gustave n’est assurément pas une artiste assimilable au tout venant de la grande tribu artistique. Gustave, un prénom masculin en guise de nom, pourquoi ? « Ma grande référence artistique est L’origine du monde de Gustave Courbet, cette peinture d’un sexe de femme offert à la vue exprimant la mise au monde, le pouvoir d’enfanter, de créer et de prolonger la vie – l’énergie même de la vie ». Mais encore ? Gustave Courbet, peintre, en son temps, engagé, a participé activement à la Commune de Paris et nourri le principe de l’artiste activiste, pas seulement rivé à son atelier mais se mettant au service d’autrui. Alors « Gustave », oui, ce nom d’emprunt, pour l’artiste, la qualifie mieux que son identité propre, mise de côté.
« Les plus de Gustave (Fuerza et Libertad) », on l’aura compris et quoi que l’on en pense, ne peut apparaître comme une exposition ordinaire, de celles où l’on « montre » des œuvres. L’« œuvre », dans son cas (on nous excusera les guillemets, qui résultent pour l’occasion d’un glissement sémantique généralisé), n’est pas à proprement parler une œuvre au sens classique du terme, une création à visée esthétique, mais en l’occurrence un contenu médicalisé, l’artiste même cessant d’être un artiste stricto sensu (artista, XVIe siècle, « l’homme, la femme de métier spécialisés ») pour devenir guérisseuse et doctoresse. Gustave, avec cette exposition, met au service du spectateur de passage, un dispositif en tout point chamanique (pour ceux qui y verraient un archaïsme, une forme de médecine primitive), de nature radiesthésiste (pour qui adhère aux théories de l’abbé Bouly) ou plus sobrement psycho-actif, dont la fréquentation est censée, avant tout, apporter un bienfait, soulager une tension, des douleurs. Une kinésiologie appliquée.
Avec cette exposition, Gustave fait en somme entrer l’art dans une nouvelle dimension. L’artiste coupe les amarres avec le monde de la représentation, du simulacre, des effets esthétiques traditionnellement marié à l’œuvre d’art plastique. À ce monde, celui des apparences, elle substitue l’équivalent d’une consultation médicale aux fins reconstructrices. Devenu un patient, le spectateur traverse « Les plus de Gustave (Fuerza et Libertad) » en se donnant l’opportunité d’améliorer sa vie pour de vrai, s’il s’avère sensible aux bons effets de la « sourcerie » bien administrée et croit en ses pouvoirs. La galerie d’art, d’un même tenant, adopte la fonction inusitée du dispensaire. L’art se veut cette fois curatif directement et sans intermédiaire, il est devenu en soi le traitement, le médicament.